RÉHABILITATION URBAINE Une seconde vie pour nos villes, du bâti aux potagers urbains

Penser les extérieurs comme des ressources, l'exemple des toitures végétalisées dans la réhabilitation urbaine

Le secteur du bâtiment, fortement énergivore, est un acteur clé dans l’atteinte des objectifs de neutralité carbone fixés pour 2050. Face à un parc immobilier déjà largement construit – 60 à 70% des logements de 2050 existent déjà – la réhabilitation des bâtiments existants s’impose comme une stratégie incontournable pour la transition écologique et énergétique. La réhabilitation doit aussi permettre de redonner toute sa place au vivant.

RÉHABILITER PLUTÔT QUE RECONSTRUIRE : UNE URGENCE ÉCOLOGIQUE

Réhabilitation vs. Rénovation : de quoi parle-t-on ?

La réhabilitation urbaine consiste à redonner vie à un bâtiment existant sans en détruire la structure, tout en valorisant son patrimoine architectural. Contrairement à une simple rénovation technique, elle s’inscrit dans une logique de transformation plus globale de l’usage et de l’environnement du bâtiment. On parle ici de « renouvellement urbain », qui intègre à la fois performance énergétique, approche sociale, participation citoyenne et ambition environnementale.

Ci-après, une ancienne piscine transformée en jardin Ciel mon radis au moment de la réhabilitation de la zone :

Agriculture urbaine : transformer une ancienne piscine en potager

Pourquoi cibler les immeubles tertiaires ?

Les bâtiments de bureaux représentent une part significative du parc immobilier français. Ils sont souvent anciens, énergivores et inadaptés aux nouveaux modes de travail. Pourtant, ils sont aussi largement sous-utilisés, notamment en soirée et le week-end, quand ils ne sont pas totalement vides. Fin septembre 2025, 6,126 millions de mètres carrés de bureaux restaient inoccupés dans la région parisienne, selon les chiffres d’Immostat publiés le 6 octobre.

Réhabiliter ces lieux, c’est :

  • Améliorer leur performance énergétique (isolation, smart building, écoconception) ;
  • Adapter leur usage aux attentes contemporaines (espaces hybrides, flex office, mixité fonctionnelle) ;
  • Réduire la consommation de ressources en évitant la démolition ;
  • Valoriser les matériaux existants dans une logique d’économie circulaire.
Réhabilitation urbaine : l'exemple des toitures végétalisées

LES BÉNÉFICES MULTIPLES DE LA RÉHABILITATION

Optimiser l’empreinte écologique du bâtiment

  • Réduction des déchets de chantier grâce au réemploi des matériaux (comme ci-dessous la crèche Justice dans le 20e arrondissement de Paris. Lors de la réhabilitation du bâtiment, le bois des anciennes portes a été réutilisé afin de créer des brises-soleil en façade) ;

  • Diminution de l’extraction de nouvelles matières premières ;

  • Intégration d’équipements performants et de dispositifs intelligents pour piloter les flux (énergie, eau, déchets).

Le potager participatif sous forme d'îlot immersif
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Réconcilier l’humain et le bâti

La réhabilitation ne se limite pas à des performances techniques. Elle transforme les lieux de travail en espaces de vie.

Confort thermique et acoustique, lumière naturelle, zones de repos, convivialité des espaces communs : autant de facteurs qui contribuent au bien-être, à la santé mentale et à la créativité des usagers.

En revalorisant les intérieurs (et les extérieurs), on améliore la qualité de vie au travail tout en renforçant l’attractivité des entreprises.

DU BÂTIMENT AU VIVANT : RÉHABILITER AUSSI LES ABORDS

Penser les extérieurs comme des ressources

Trop souvent négligés, les abords des immeubles tertiaires peuvent devenir de véritables espaces de respiration.

Jardins en pied d’immeuble, patios végétalisés, toitures vertes, potagers collaboratifs… chaque surface inexploitée peut devenir un levier de biodiversité, d’alimentation locale, de fraîcheur urbaine, de lien social et, bien sûr, d’attractivité. 

Intégrer des potagers urbains dans les réhabilitations

  • Ils reconnectent les usagers à la nature au quotidien ;

  • Ils créent du lien social entre collaborateurs ou habitants ;

  • Ils produisent une alimentation locale ;

  • Ils participent à la lutte contre les îlots de chaleur ;

  • Ils favorisent l’accueil d’espèces pollinisatrices et auxiliaires.

Ciel mon radis CANAL WEB 1

INTÉGRER LA BIODIVERSITÉ : DES GESTES CONCRETS ET COLLABORATIFS

Créer un écosystème urbain autour du bâtiment

Réhabiliter un immeuble tertiaire, c’est aussi favoriser la vie non-humaine. Autrement dit, offrir des refuges, des ressources alimentaires et des conditions de reproduction à la faune et à la flore locales. Cela implique une conception bio-inspirée, attentive aux besoins des espèces qui partagent notre quotidien urbain.

Cette démarche s’inscrit dans la logique des trames vertes et bleues, ces continuités écologiques qui permettent à la biodiversité de circuler librement à travers la ville. Chaque bâtiment peut ainsi devenir un maillon vivant de ce réseau, reliant jardins, toitures végétalisées, friches et corridors naturels.

Quelques exemples d’aménagements écologiques à intégrer dans un projet de réhabilitation :

  • Mares et points d’eau pour les amphibiens et les insectes, comme nous avons pu le faire chez Axa ;
  • Tas de bois mort, haies sèches et murs en pierre pour les petits mammifères, reptiles et insectes, qu’on retrouve au potager du Crédit Agricole ;
  • Fissures, cavités, nichoirs et hôtels à insectes pour les oiseaux, les abeilles sauvages, les lézards, les chauves-souris ;
  • Zones d’herbes hautes ou de prairies fleuries peu ou pas fauchées pour la pollinisation ;
  • Végétation locale comestible et médicinale, qui combine biodiversité et usage humain.

Ces gestes simples mais structurants permettent de tisser des continuités écologiques à l’échelle du quartier, tout en contribuant à un maillage végétal et nourricier plus vaste. Ils transforment le bâti en infrastructure vivante, capable d’enrichir et de renforcer la résilience de l’écosystème urbain.

Coopérer dès la conception

Le succès de ces projets dépend d’une collaboration étroite entre tous les acteurs dès la phase de conception : architectes, maîtres d’ouvrage, entreprises du BTP, écologues, collectivités territoriales, et usagers finaux. Cette approche globale permet notamment de :

  • Comprendre le contexte écologique et social du site en amont ;
  • Intégrer des clauses environnementales concrètes dans les appels d’offre ;
  • Éviter les périodes de nidification ou de reproduction pour les travaux ;
  • Sensibiliser les usagers aux usages partagés du jardin, du toit ou de la façade ;
  • Favoriser l’appropriation du lieu par les habitants ou les salariés.

En misant sur la multiplicité des acteurs, la réhabilitation devient plus qu’un acte technique : elle devient un projet de territoire.

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VERS UNE VILLE PLUS FERTILE, HUMAINE ET DURABLE

La réhabilitation des immeubles tertiaires constitue une opportunité stratégique pour transformer notre environnement bâti. En intégrant des potagers urbains, des aménagements végétalisés et des habitats pour la faune, nous contribuons à faire émerger une ville vivante et désirable. C’est une manière d’enrichir nos villes sans les étendre, de régénérer plutôt que de consommer, de penser la transition écologique à l’échelle de l’îlot, de l’immeuble… et du jardin.

Un potager en entreprise ou sur un toit n’est pas qu’un bonus esthétique. Il peut devenir un marqueur de transformation culturelle, un levier d’inclusion et un catalyseur de biodiversité. Bref, une graine semée pour demain.

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