Faire grandir l’engagement des équipes

17 mars, 2021

La présence de nature et en particulier de potager collaboratif sur le lieu de travail améliore l’engagement des équipes et donc le bien-être au travail.

“ L’initiative Ciel mon radis permet d’être encore plus engagée dans une entreprise qui est à l’écoute des collaborateurs et de leur bien-être”. Emilie[1], collaboratrice.

Les collaborateurs du groupe M6 sont engagés dans leur potager d'entreprise participatif.

L’engagement en entreprise, qu’est-ce que c’est ?

L’engagement organisationnel c’est le lien entre le salarié et son entreprise. Ce lien, en fonction de sa forme, va déterminer directement la décision de l’employé de rester dans son entreprise (ou de la quitter)[2]. On peut en distinguer trois formes.

Sur le podium des formes d'engagement en entreprise :  1. L'engagement affectif 2. L'engagement normatif 3. L'engagement de continuité

L’engagement affectif 

C’est la forme la plus favorable d’engagement organisationnel aussi bien pour l’entreprise que pour l’employé. Elle correspond à un attachement émotionnel, lié au désir[2] de ce dernier de rester membre de l’entreprise et de participer avec volonté à son développement. Concrètement, on observe moins de stress[3] et de comportements de retrait[4]. Ce type d’engagement influence donc positivement les performances[5] et la motivation.

L’engagement normatif 

C’est un attachement basé sur un devoir moral[6]. L’employé éprouve une certaine reconnaissance, comme une dette morale, envers l’organisation. On parle alors de contrat moral[7] et de sentiment de loyauté. Les effets de cet engagement sont assez proches de ceux de l’engagement affectif. Cependant, ils restent atténués, à cause du sentiment de contrainte lié à cet engagement qui peut provoquer des troubles psychologiques[8].

L’engagement de continuité

C’est essentiellement le fruit d’un sentiment d’obligation lié à la perte d’avantages durement acquis, en cas de départ de l’entreprise, ou au manque d’alternative professionnelle. Ce type d’engagement génère du stress et des troubles psychologiques au travail. Le salarié aura alors tendance à valoriser plutôt son temps hors travail. C’est donc la forme la moins favorable pour le salarié ainsi que pour l’entreprise.

Comment développer un bon engagement des équipes en entreprise ?

Développer l’engagement affectif en favorisant l’accomplissement personnel.

Un bon engagement organisationnel dépend des caractéristiques dispositionnelles de la personne, comme l’optimisme, le sentiment d’efficacité personnelle, et la confiance en soi et en ses compétences. L’engagement affectif dépend aussi de la satisfaction de certains besoins comme le besoin d’accomplissement personnel, d’autonomie, de se réaliser, d’éthique personnelle au travail et de concordance avec les valeurs de l’entreprise.

Au travers du potager et des ateliers participatifs, les collaborateurs découvrent ou redécouvrent les valeurs de leur entreprise. Cyril[1], collaborateur, nous confie que ce qu’il a le plus apprécié est « la cohérence de l’engagement » à travers les produits locaux et l’objectif commun. Cécile[1] quant à elle souligne l’authenticité et l’esprit collaboratif de la démarche qui favorisent l’ouverture d’esprit. Les collaborateurs s’identifient ainsi aux valeurs positives véhiculées par le potager : l’écoresponsabilité, la simplicité, la coopération, l’entraide et la complémentarité.

Un collaborateur du potager du groupe M6 fier des récoltes de son équipe
Un collaborateur du groupe M6 fier de récolter les fruits du travail en équipe au potager

Développer l’engagement affectif en améliorant l’environnement de travail.

L’environnement de travail est d’autant plus prédicteur de l’engagement. Les caractéristiques de l’entreprise et de l’emploi ainsi que l’expérience de travail vont influencer l’engagement des salariés. Un environnement physique de travail agréable améliore considérablement la qualité de vie au travail. Mais qu’est-ce qu’un bon cadre de travail ?

L’hypothèse de la biophilie suggère que les individus ont un besoin inné et spontané de liens avec la nature[9]. Source de vie et comblant les besoins primaires, elle n’est pourtant pas à considérer comme un remède mais plutôt comme la base nécessaire aux Hommes[10].  C’est donc le manque de nature, le manque de cette base essentielle, qui est délétère pour les individus. On parle d’ailleurs du syndrome du manque de nature (nature deficit disorder[11]) qui crée des troubles comme le stress et l’anxiété. C’est pourquoi la présence de nature au bureau procure une qualité de vie au travail et un bien-être essentiels aux collaborateurs. Ainsi comblés par la nature, ils peuvent se permettre d’être socialement disponibles et donc davantage tournés vers les autres.

Le potager d'intérieur s'inscrit dans un design biophilique et offre de beaux légumes et plantes aromatiques aux collaborateurs
Le potager d’intérieur au design biophilique à la Colline Marly

La Colline Marly, premier site de bureaux au design biophilique de l’Ouest parisien, nous en donne un exemple concret. Les espaces de travail disposent d’une lumière naturelle, de la présence d’éléments naturels comme le bois ainsi qu’une nature luxuriante en intérieur et en extérieur. L’environnement de travail propose également un lien permanent sensoriel avec la nature : la vue, les sons, le toucher et les parfums. L’expérience est immersive et offre aux collaborateurs un cadre de travail de qualité qui les ressource et stimule leur créativité.  La présence de nature sur le lieu de travail améliore donc la partie affective de l’engagement des équipes.

Développer l’engagement affectif en améliorant les relations sociales.

 Un environnement de travail sain, offrant des relations agréables avec ses collègues, favorise l’engagement affectif. Les bonnes relations avec les collègues ont été désignées comme premier facteur de bien-être au travail[12]. C’est d’ailleurs le premier bénéfice perçu du potager pour 80% des utilisateurs Ciel mon radis. Le potager offre l’opportunité de rencontres professionnelles et conviviales. Comme nous le racontent les collaborateurs Roche, pour Éric[15] le potager permet des « temps d’échanges avec des personnes que je ne connaissais pas dans l’entreprise et de découvrir des collègues sur un autre registre et hors réunion classique ». Le potager améliore l’environnement de travail en proposant une expérience de travail de qualité à travers son format collaboratif. Ce climat social agréable est favorisé par la présence de nature qui augmente le sentiment de convivialité[13] et de cohésion[14].

Les collaborateurs se rencontrent et créent des liens au potager d'entreprise.
Les collaborateurs se rencontrent et passent un moment agréable en jardinant

Développer l’engagement affectif en soutenant les salariés.

Le salarié peut estimer combien son entreprise le soutien, c’est-à-dire à quel point elle remarque et valorise son engagement organisationnel et participe à l’amélioration de la qualité de son environnement de travail pour son bien-être. C’est ce que l’on appelle : le soutien organisationnel perçu[15]. Rendre le soutien de l’entreprise saillant pour les employés c’est améliorer leur qualité de vie au travail et donc l’engagement des équipes sur le plan organisationnel[16].

Nicolas de Tavernost, lors de l'inauguration, montre fièrement les récoltes du potager participatif d'entreprise du groupe M6
Nicolas de Tavernost lors de l’inauguration du potager du groupe M6

A travers l’initiative d’installer un potager pour le bien-être des collaborateurs, ces derniers prennent conscience de la volonté de l’entreprise d’améliorer leur qualité de vie au travail. Se sentir ainsi considérés motive les collaborateurs à être d’autant plus engagés. Emilie[1], collaboratrice, le ressent et l’explique simplement : « C’était génial, à refaire, cela permet d’être encore plus engagée dans une entreprise qui est à l’écoute des collaborateurs et de leur bien-être ». Sandrine[1], collaboratrice Roche, remercie l’équipe de la Direction Innovation : « Merci pour cette initiative, les projets sont toujours originaux et très appréciés des équipes ».

Développer l’engagement affectif en impulsant un cercle vertueux.

Les collaborateurs échangent les fruits de leur récolte, symbole du cercle vertueux de réciprocité.

C’est ce qu’explique la théorie de l’échange social[17] : Les employés s’engagent de leur gré dans l’entreprise s’ils perçoivent sa participation à leur qualité de vie au travail et la valorisation de leurs efforts. Ils adoptent des conduites de réciprocité envers l’entreprise. C’est ce qu’on appelle le cercle vertueux de réciprocité. Plus les salariés perçoivent le soutien de leur entreprise, plus ils font des efforts et participent activement à son développement[18]. Ce processus de réciprocité augmente la satisfaction et la bonne humeur des collaborateurs[19]. Ceci renforce l’engagement des équipes sur le plan affectif, que l’on observe à travers une augmentation des performances et une diminution des départs et absences[20].

Développer l’engagement affectif en encourageant les bonnes conduites.

Deux collaboratrices du potager du groupe M6 portent avec le sourire et ensemble la cagette lourde de leurs récoltes.
Entraide au potager du groupe M6

Ce cercle vertueux favorise les comportements de citoyenneté envers l’entreprise ainsi qu’envers les collègues de travail[21]. La citoyenneté organisationnelle correspond aux comportements individuels et volontaires, qui ne relèvent pas des fonctions prescrites par l’emploi. Ce sont des choix personnels de l’employé[22], comme le civisme, l’esprit d’équipe, l’entraide et la bienveillance. Ces conduites sont particulièrement appréciées et favorisent un climat social agréable dans l’entreprise. Ces comportements s’appliquent à tous les collègues de travail, entre pairs au sein des groupes de travail, entre services, mais également, au sein de la ligne hiérarchique[23]. Ceci forge la cohésion et la coopération à tous les niveaux.

Les collaborateurs du groupe M6 mettent tous les mains dans la terre et participent activement à ce projet commun quel que soit leur statut hiérarchique.
Tous les collaborateurs jardinent ensemble pour créer leur potager d’entreprise

En offrant un contexte professionnel agréable et basé sur la coopération de tous, on observe que les potagers participatifs et les ateliers de team building favorisent la réciprocité et les comportements citoyens en entreprise. Jardiner ensemble permet d’horizontaliser les relations. Comme on le dit « on est tous égaux devant le poireau ». Jardiner au potager pour Lucille[1], collaboratrice Roche c’est prendre un « temps d’échanges » et c’est « l’opportunité de croiser des collègues d’autres unités ». Les ateliers et le potager permettent aux collaborateurs de s’ouvrir à leurs collègues. C’est « Parler à des gens à qui je n’adresse jamais la parole » et ce « mélange des services » que Christelle[1] et Jules[1] ont le plus appréciés.

Les collaborateurs jardinent ensemble pour créer le potager ce qui favorise les échanges informels et une ambiance conviviale.

En résumé, l’engagement des équipes en entreprise

En somme, l’engagement affectif se développe à travers l’accomplissement personnel et un environnement de travail épanouissant : avoir de bonnes relations avec ses collègues, des bureaux agréables et une bonne dynamique. Lorsque les efforts de l’entreprise pour mettre en place ce cadre de travail agréable sont perçus, ceci enclenche un cercle vertueux d’échanges et de réciprocité, à la fois envers l’entreprise, mais aussi entre collègues. Plus l’entreprise prend soin de ses salariés, plus ceux-ci s’investissent en retour et font preuve de civisme entre collègues. C’est pourquoi, amener la nature dans les bureaux, offrir des pauses jardinage collectives et proposer un lieu d’échange horizontal, impulsent une dynamique de réciprocité favorisant l’engagement des équipes et la bonne dynamique de l’entreprise.

Mathilde Collard,

Etudiante en psychologie sociale du travail et de l’environnement


Bibliographie

[1] Questionnaire anonyme 2015, Roche, Boulogne-Billancourt (prénom inventé)

[2]Meyer & Allen (1991 ; 1997)

[3] Vandenberghe et Morin (2004)

[4] Paillé (2003)

[5] Peyrat-Guillard (2003)

[6] Meyer et Herscovitch (2001)

[7] Paillé (2002, 2004)

[8] Vandenberghe et Morin (2004)

[9] O. Wilson (1984)

[10] Ulrich (1993)

[11] Knapp (2006) ; Louv (2008)

[12]Baromètre Actinéo, Observatoire de la Qualité de Vie au Travail et CSA. (2015)

[13]Morita et al (2007)

[14]Cooper (2015)

[15] Eisenberg, Fasolo, Davis-LaMastro, (1990) ; Eisenberg, Huntington, Hutchinson, Sowa, (1986) ; Eisenbeg, Stinglhamber, Vandenberghe, Sucharski, Rhoades, (2002)

[16] Roades, Eisenberger, Ameli (2001)

[17] Blau, (1964)

[18] Eisenberg et coll (1986)

[19] Rhoades et Eisenberger (2002)

[20] Eisenberger et coll. (1990) 

[21] Van Scotter (2000)

[22] Paillé (2007)

[23] Organ (1988)

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