La Qualité de Vie au Travail post Covid en 6 leviers

15 juin, 2021

Plus d’un an de crise sanitaire s’est écoulé et a bouleversé l’organisation du travail partout dans le monde. La crise a été marquée par la généralisation forcée du télétravail. L’urgence sanitaire a rendu cette pratique accessible au plus grand nombre et a facilité son déploiement. Mais ce télétravail précipité, non préparé et à temps complet, a eu aussi des effets délétères sur les collaborateurs et sur l’entreprise. 45% des salariés se disent en situation de détresse psychologique et un quart déclarent une perte de repères et une baisse de créativité[2]. Les collaborateurs ont désormais besoin de recréer du lien, de retrouver des échanges et la coopération et de se reconnecter à l’entreprise pour trouver un nouvel élan de motivation et d’engagement. La qualité de vie au travail est plus que jamais un enjeu clé pour les entreprises.

Mais dans ce contexte encore soumis aux restrictions, comment développer l’esprit d’équipe et les coopérations par écrans interposés, à distance et avec de rares temps informels ? Quel sont les leviers pour réengager les collaborateurs dans l’entreprise ? Comment redonner envie aux collaborateurs de retrouver leur lieu de travail déserté pendant plus d’un an ? De quelle manière accompagner ce retour au bureau ?

Face à ces nouveaux questionnements, la psychologie sociale, du travail et de l’environnement, apporte des réponses aux grands enjeux actuels des ressources humaines. Etudiante en Master de Psychologie Sociale, j’explore six leviers de qualité de vie au travail. Je les illustrerai au travers des potagers d’entreprise, qui rassemblent ces six leviers :

  1. Générer un cercle vertueux de réciprocité entre le salarié et l’entreprise
  2. Accompagner les collaborateurs dans leurs engagements personnels
  3. Recréer un lien affectif avec le site d’entreprise
  4. Proposer des pauses efficaces
  5. Réencourager les relations sociales en entreprise
  6. Proposer un environnement de travail de qualité

1. Générer un cercle vertueux de réciprocité entre le salarié et l’entreprise

Avec la crise sanitaire et la généralisation du télétravail, 55% des salariés déclarent une diminution du sentiment d’appartenance à l’entreprise et 57% des managers observent un désengagement de leurs collaborateurs[3]. Il apparaît alors comme prioritaire de réengager les salariés. Pour favoriser l’engagement, en plus de développer les relations sociales, il est nécessaire de travailler sur le soutien organisationnel perçu[4]. Ce soutien perçu apparaît lorsque le salarié peut estimer combien son entreprise le soutient, remarque et valorise ses efforts en participant à l’amélioration de sa qualité de vie au travail.

Une entreprise qui soutient ses salariés en valorisant leurs efforts et en récompensant leur implication, va impulser un cercle vertueux de réciprocité[5]. En percevant ce soutien, les salariés vont s’engager volontairement dans l’entreprise et dans son développement[6]. Ils vont également adopter des comportements de citoyenneté organisationnelle[7]. Ce sont des comportements volontaires, qui ne sont pas prescrits par le poste, mais qui vont participer à la bonne dynamique de l’entreprise. On peut citer, par exemple, la coopération, l’entraide et l’esprit d’équipe[8].

Nicolas de Tavernost montre son soutien envers ses salariés lors de l'inauguration du potager d'entreprise Ciel mon radis
Nicolas de Tavernost lors de l’inauguration du potager du groupe M6

L’installation d’un potager collaboratif dans les bureaux permet de montrer aux salariés le soutien de l’entreprise : proposer à ses salariés un lieu de détente, qui leur permet de jardiner en équipe, de prendre des pauses ressourçantes, de récolter les fruits de leur travail et de déguster de savoureuses recettes faites maison. Emilie[9], collaboratrice au potager de Roche, créé par Ciel mon radis, explique : « c’était génial, cela permet d’être encore plus engagée dans une entreprise qui est à l’écoute des collaborateurs et de leur bien-être ».

2. Accompagner les collaborateurs dans leurs engagements personnels

85% des Français déclarent être préoccupés par les questions environnementales[10] et 82% se disent préoccupés par l’accès à une alimentation de bonne qualité pour leur santé[11]. Ces questions sont devenues si centrales que l’écologie a dépassé le chômage et l’insécurité pour arriver à la première place des préoccupations des Français[12]. Les salariés, citoyens avant tout, continuent d’avoir ces préoccupations environnementales au travail. Pour les impliquer, il devient donc nécessaire d’adopter des démarches cohérentes avec leurs préoccupations réelles et actuelles et de les accompagner dans leurs engagements.

Les collaborateurs, lors des animations au potager, apprennent à découvrir le jardinage et la nature auprès du jardinier-animateur Ciel mon radis

Au travers du potager, l’entreprise créé un lieu pédagogique pour aborder toute l’année des thématiques liées aux enjeux environnementaux qui questionnent les salariés. Les jardiniers-animateurs sont présents auprès des salariés pour apporter des réponses, notamment sur les cycles de la nature, la biodiversité et l’alimentation saine, biologique et de saison. Le potager permet aussi aux collaborateurs d’agir concrètement à leur échelle, au bureau. Ils cultivent leurs propres légumes de manière biologique et contribuent à réintroduire la biodiversité en ville.

3. Recréer un lien affectif avec le site d’entreprise

A la suite de la généralisation du télétravail, 57% des managers observent un désengagement de leurs collaborateurs[13]. Les salariés se sont déconnectés de l’entreprise et de ses locaux. Il est primordial de donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau, en développant l’attractivité du site. La psychologie sociale et environnementale propose deux leviers.

Tout d’abord, un site attractif est un lieu où les collaborateurs ont des relations sociales positives, où ils tissent des liens affectifs avec leurs collègues et entre services. Ils sont alors liés affectivement à leur lieu de travail. Cet attachement au lieu est vecteur d’engagement en faveur du lieu[14] et permet aux salariés de s’adapter plus facilement au travail[15] et de s’intégrer à l’entreprise[16].

Ensuite, l’appropriation du lieu de travail est un levier de satisfaction des collaborateurs[17]. Pour se sentir bien dans les locaux de l’entreprise, les salariés ont besoin de s’approprier les lieux. L’appropriation améliore le bien-être[18] et la créativité[19] des collaborateurs. En effet, en s’appropriant l’espace et en le personnalisant, les salariés se sentent davantage à leur place[20] dans l’entreprise.

Les collaborateurs du groupe M6 sont fiers de leur nouveau potager d'entreprise qu'ils ont co construit avec Ciel mon radis

Les collaborateurs, au travers de la co-conception, de la création et de l’entretien du potager collaboratif, s’approprient cet espace de l’entreprise. Ils participent en équipe à tout le processus de création du potager. Ils choisissent ensemble les variétés, dessinent les lignes du potager, installent les buttes de culture, plantent et récoltent. Ces temps d’appropriation sont aussi des temps où les salariés se créent des souvenirs festifs, ensemble, sur leur lieu de travail.

4. Proposer des pauses efficaces et restauratrices

Le télétravail lorsqu’il est bien pensé et adapté, est perçu comme bénéfique pour certains collaborateurs. Mais bon nombre de collaborateurs en télétravail ont tendance à se priver de faire des pauses efficaces. Ils se fatiguent davantage et sont moins productifs, d’autant plus, lorsqu’ils habitent dans des appartements mal adaptés au travail. Ainsi, le retour au bureau est aussi synonyme d’espaces de pause plus adaptés. Offrir aux salariés des espaces ressourçants au sein des locaux de l’entreprise, c’est leur donner envie de revenir au bureau mais aussi de s’octroyer de vraies pauses efficaces. Il est important de considérer les pauses comme un réel levier de performance. La Théorie de la restauration de l’attention[21] nous enseigne que la nature a ce pouvoir restauratif. En effet, prendre quelques minutes dans sa journée pour être au contact de la nature c’est restaurer son attention, réduire son stress et augmenter sa concentration[22].

Une collaboratrice du groupe M6 se ressource lors d'une pause les mains dans la terre

Marine Cercy, responsable promotion chez M6 a ressenti cet effet dans son potager collaboratif d’entreprise : “J’ai un métier très prenant. Jardinier durant les pauses déjeuner me permet de me déconnecter. Quand j’ai les mains dans la terre, je ne pense plus à rien. Quand je retourne dans mon bureau, je suis détendue !”. Le potager d’entreprise permet aux salariés de s’octroyer une pause restauratrice et efficace. Ils sont libres de s’y rendre, de parcourir les allées, d’observer les insectes, de sentir les parfums, de mettre les mains dans la terre et de récolter légumes, fruits et aromates pour une dégustation immédiate. Ces moments au potager créent une vraie coupure régénératrice et revigorante. L’attention restaurée, les collaborateurs peuvent ensuite retourner travailler efficacement.

5. Réencourager les relations sociales en entreprise

Les relations sociales ont été élues premier critère de Qualité de Vie au Travail[23]. Et pourtant celle-ci ont été détériorées tout au long de la crise sanitaire. Les collaborateurs ont été coupés de leur entreprise et les rassemblements ont été proscrits. Le télétravail a provoqué l’isolement des collaborateurs, jusqu’au désengagement de certains[24]. Il est donc primordial de réencourager les relations sociales en entreprise. Un retour régulier au bureau avec des temps informels en équipe est nécessaire pour garder le lien avec l’entreprise. Ces temps informels sont importants car ils permettent aux salariés de renouer avec leurs collègues et leur entreprise.

Moment convivial au potager d'entreprise CIC créé par Ciel mon radis. Les collaborateurs partagent les récoltes.

Au potager, les collaborateurs se retrouvent, jardinent, et échangent. C’est l’occasion de retrouver ses collègues et d’en rencontrer de nouveaux. Au jardin, on soude les équipes et on recrée du lien social. Lors des team-building et des animations au potager, les collaborateurs apprennent à mieux travailler ensemble en découvrant les complémentarités entre légumes mais aussi entre collègues. Les ateliers au potager viennent ponctuer le retour progressif au bureau des collaborateurs. En petits groupes, les collaborateurs se retrouvent, sortent de leur isolement lié au télétravail et profitent des bienfaits du potager.

6. Proposer un environnement de travail de qualité

Pendant le confinement, l’intérêt pour le jardinage a explosé chez les Français. Dans une enquête de Promesse de fleurs[25], 66% des personnes interrogées déclarent que pendant le confinement, elles ont passé plus de temps à jardiner. 85% d’entre elles, affirment que le jardinage a occupé « une place centrale ». Dans une seconde enquête[26], 95% des jardiniers amateurs déclarent que le jardinage les a aidés à se sentir mieux pendant le confinement. Et ce chiffre n’est pas anodin puisque le contact à la nature, d’après le concept de Biophilie, est un besoin inné[27] et constant[28] chez l’être humain. A la maison ou au travail, le contact à la nature va réduire le stress[29] et augmenter le bien-être.

Les collaborateurs du groupe M6 jardinent dans leur potager d'entreprise créé par Ciel mon radis

Le potager Ciel mon radis, au travers de sa nature luxuriante, inspirante par ses couleurs, ses formes et ses parfums, va augmenter la créativité[30], la productivité[31] et la satisfaction[32] des collaborateurs. Les salariés profitent d’un environnement inspirant, et stimulant.

Mathilde Collard

Etudiante en psychologie sociale et environnementale


Bibliographie

[1, 2, 3, 23, 24]Baromètre T6 – Empreinte Humaine et OpinionWay, 2021

[4] Eisenberg, Fasolo, Davis-LaMastro, (1990) ; Eisenberg, Huntington, Hutchinson, Sowa, (1986) ; Eisenbeg, Stinglhamber, Vandenberghe, Sucharski, Rhoades, (2002)

[5] Blau, (1964)

[6] Eisenberg et coll (1986)

[7] Van Scotter (2000)

[8] Paillé (2007)

[9] Questionnaire anonyme 2015, Roche, Boulogne-Billancourt (prénom inventé)

[10] Etude 15 novembre 2019, ELABE, réalisé pour Véolia et La Tribune

[11] Les Français et le défi de l’alimentation – ELABE pour Véolia et La Tribune, 26 avril 2021

[12] Sondage Business Insider France, You Gov, 2019

[13] Julhiet Sterwen, IFOP, Baromètre Digital Workplace 2021

[14] Sébastien, 2016

[15] Deasy et Lasswell, 1985

[16] Coing, 1966

[17] Sundstrom 1986

[18] Wells, 2000

[19] Goodrich, 1986

[20] Ripoll et Veschambres 2005

[21]R. Kaplan et S. Kaplan (1989)

[22]Cooper (2015)

[25]Enquête de Promesse de fleurs « Le jardinage au temps du confinement » mai 2020

[26]Enquête par monpetitcoinvert.com, « confinement : les français et le jardinage », avril-mai 2020

[27]Edward O.Wilson (1984)

[28]Erich Fromm (1964)

[29]Roe et Aspinall (2011)

[30]Stéphanie Lichtenfeld (2011)

[31]Bringslimark, Hartig et Patil (2007,2008)

[32]Kaplan (2001)

Partagez cet article !